texte daté du 28 juillet 2008:
Ce rythme immuable, avec ses contrastes et ses ruptures violentes, façonnait mon enfance. La proximité de la nature imposait sa cadence, chaque saison dictait les préoccupations et les événements majeurs. Des cycles rassurants dans leur perpétuité.

Les petits-enfants grandissaient avec les grands-parents. Ainsi, la vieillesse n'était pas une déchéance honteuse à cacher au fond des mouroirs sentant l'urine et le désinfectant, entre des mains plus ou moins compatissantes, mais un phénomène dans l'ordre des choses. L'enfant était élevé dans le sentiment fort du devoir envers ses parents et les vieux savaient qu'ils auraient leur place jusqu'au bout au sein de la famille. Image angélique, idéalisée par un passéisme nostalgique? Bien sûr, tout n'était pas aussi idyllique : cela supposait un solide sens du compromis de part et d'autre et qui manquait souvent. Les guerres, les disputes entre générations étaient fréquentes et dévastatrices. Beaucoup de jeunes couples furent ébranlés ou pulvérisés par l'intervention parentale, incapable de se résigner à partager amour, biens et pouvoir. Les vieux n'étaient pas toujours choyés avec respect, loin s'en faut. Mais la chaîne entre les générations existait et transmettait une image de continu, de perpétuel même. Et c'est ainsi que mon enfance sans télé m'a enseigné les mondes successifs révolus de mes grands-parents et de mes parents, par leur bouche talentueuse de conteurs des veillées.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire