samedi 22 juin 2013

Du mariage...


8 novembre 2011
 Il y a peu, je suis tombée sur une citation: " C'est cela, le mariage, la même peur partagée, le même besoin d'être consolé, la même vaine caresse dans le noir..." (Anne Hébert). Constat terriblement corrosif, propre à décourager tous les candidats encore naïfs et confiants! Et qui ne pouvait être dressé qu'au bout d'une longue expérience désolante.
   Les images négatives sont plus courantes, le bonheur fait moins recette (Musset ne disait-il pas dans ce vers époustouflant de beauté: "les plus désespérés sont les chants les plus beaux...") et ne tient pas la route face aux catastrophes. Même le grand amour du départ reçoit, par les scientifiques, le couperet de 3 ans de survie! 3 ans maximum! Adieu la passion, bonjour la routine tue-l'amour en guise de bouillotte, à heure fixe, comme on fait son yoga d'entretien pour prévenir l'arthrose précoce...
   Il y a seulement cinquante ans, il était quasi impensable de se tester dans des cohabitations préliminaires plus ou moins longues et le choix du partenaire s'apparentait parfois à de la loterie. Mettre la charrue devant les boeufs était mal vu, ou alors, il fallait être très discrets! Avec une contraception balbutiante, les femmes en essuyaient la honte, avec les conséquences douloureuses et clandestines, et les hommes, souvent, s'éclipsaient lâchement devant leurs responsabilités. A moins qu'ils n'aient réparé "la faute" par le mariage.
   Avec l'émancipation économique de la femme, les choses changent. Elle n'a plus besoin de l'homme comme seule perspective nourricière, ainsi, elle devient plus difficile pour s'engager. Du moins en théorie. Le divorce est grandement allégé. Être "mère célibataire" n'est plus le stigmate de la honte. Il y a même des "pères célibataires", en signe d'émancipation! 
   "En couple" remplace "marié(e)". Les gens hésitent parfois plusieurs années, entourés d'une nombreuse progéniture. Les mauvaises langues prétendent qu'il n'y a plus que les curés et les homosexuels pour réclamer le droit de se marier!
  Selon Brassens, ce n'est qu'une simple formalité "au bas du parchemin" qui ne concerne en rien l'essentiel: l'engagement intime et personnel. Pour cela, nul besoin de robe de princesse ni de banquet ruinant. Alors, qu'est-ce qui pousse soudain des couples bien rodés à la vie commune, à sauter le pas? Pour alléger les impôts? Pour solidifier leur situation administrative? Toutes les formalités ont déjà été grandement édulcorées par le législateur. Ou alors, cette vénérable institution séculaire quelque peu fissurée, continuerait-elle à représenter un archétype d'engagement, de sécurité, "la même peur partagée, le même besoin d'être consolé..." en espérant que "la caresse dans le noir" ne sera jamais vaine!

ill. R.T.

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