lundi 3 juin 2013

Faut-il réhabiliter le baiser?...


article datant du 20 novembre 2011
   Un article du Nouvel Observateur s'en inquiète, dans le sillage du "Philosophie Magazine", et le sujet atterrit finalement sur ce blog. Question de générations, sans doute.
   Il y a un certain temps, j'ai écrit une micro-fiction, intitulée: Premier baiser. La narratrice représente la jeunesse des années 60-70, avec les premières bouffées des libertés mais aussi des tabous puissants, issus d'une éducation stricte et frustrée qui fait du baiser le premier pas vers la perdition... En même temps, cela rend à cette première approche de la sensualité, à l'apprentissage du langage du corps toute son importance, et qui, semble-t-il, à notre époque hâtive, serait en voie de disparition.
    J'ai été surprise d'apprendre dans cet article que le baiser n'a pas toujours été "mondialisé", loin de là, pas même banal en notre Occident: "C'est avec Ronsard et Rousseau que le baiser s'est sacralisé en Occident pour les amoureux, après avoir été une tradition du clergé." Bigre! Je revois un instant la dernière affiche bannie de Benetton, le pape et un imam échangeant un baiser plus qu'oecuménique... Les choses ne seraient-elles pas en train de revenir en arrière?... 
   Bisou, bise, smack, bécot, patin ou pelle, le baiser, baveux ou profond, est adapté au contexte. La mémoire du couple en garde l'évolution, des premiers émois à la passion, des pulsions amoureuses à la tiédeur routinière ou à la tendresse sur la joue, accompagnée d'une caresse sur la main...  Il est le vrai baromètre des couples, bien plus fidèle que la fréquence de leurs relations sexuelles, s'apparentant pour certains à des mesures d'hygiène mentale... Le caractère du baiser trahit notre relation à l'autre: prenons-nous la peine de nous attarder à l'attention envers notre partenaire ou la jouissance hâtive et immédiate éclipse la phase d'approche? La sexologue Catherine Solano émet une évidence inattendue: le baiser est un acte gratuit, pas du tout indispensable mais il implique obligatoirement l'autre. "On peut jouir seul, mais pas embrasser seul." Notre époque individualiste, pour ne pas dire égoïste, ayant tendance à "zapper" le baiser, ne joue-t-elle pas avec le feu insidieux qui rendrait le paysage de nos relations amoureuses semblables aux collines du Var, après les incendies d'été?...

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