12 septembre 2008
son portrait fantaisiste par moi à 12 ans |
Chemin faisant, il apprend sa géographie, en récitant par coeur les noms de tous les villages traversés et, des années plus tard, nous apprenons à les réciter avec lui, à notre tour, mon frère et moi.
En hiver, il nous fabrique des jouets rudimentaires et extraordinaires, à partir des tiges de maïs reliées avec des allumettes : une paire de boeufs tirant une charrette. Lorsque nous le supplions de nous faire un dessin, ses doigts déformés par le travail dur ont du mal à tenir le crayon pour exécuter l'unique dessin dont il a l'habitude : un cheval qui commence immanquablement par un grand 2...
Il ne nous gronde jamais, et nous évitons de désobéir devant sa gentillesse désarmante. Déjà vieux, il est très fier d'être encore capable, démonstration à l'appui, d'exécuter un poirier impeccable qu'il a, jadis, au sommet de sa gloire, produit sur le toit d'une maison, en haut de la cheminée !
Je n'ai jamais vu mon grand-père aller à la messe. Cependant, le soir, la mémoire le restitue se préparant au coucher, à l'immuable rituel du pliage lent et scrupuleux de ses habits, aux murmures de ses prières perpétuelles qui se terminent par les noms de tous ceux qu'il aime, les recommandant à la grâce de son dieu...
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