mardi 8 octobre 2013

A propos d'Odilon Redon

(publié le 11 avr. 2011 sur le blog de Flora)
   
   Odilon et son araignée souriante... Ses têtes bleues émergeant d'un océan originel... Et surtout, la sensualité de ses pastels, capables de révéler des couleurs insoupçonnées! Je ne suis pas particulièrement attirée par le sujet des natures mortes, des fleurs ou des paysages. Depuis la première fois que j'ai vu un recueil de bouquets d'Odilon Redon, j'ai été définitivement découragée de toute tentative d'y toucher... Comment approcher une telle perfection dans l'originalité  -  ne parlons même pas d'espérer  l'égaler; comment songer alors à la dépasser?...
   Je constate, surprise, que beaucoup de gens ignorent tout de Redon ou le connaissent peu. Il réside sur mon Olympe personnel, en compagnie d'Egon Schiele, de Rembrandt, de Vermeer et de quelques autres, depuis de nombreuses années. Contemporain des impressionnistes mais toujours à part. En dehors des courants, élaborant son art, en suivant ses inspirations... Le Grand Palais lui offre sa première grande rétrospective depuis 1956. Je ne suis pas qualifiée pour trouver le tiroir dans lequel il convient de le ranger dans le classement des trés grands, des simplement grands et les remarquables de la peinture: je me contente de prendre mon plaisir et mon inspiration auprès de ses oeuvres, surtout les pastels et les lithographies. De plus, une découverte pour moi: la réédition par José Corti, de son journal d'entre 1867-1915 (un an avant sa mort), "A soi-même". Il m'attend pour que je le lise, le déguste pendant longtemps. Quel moyen extraordinaire de s'introduire dans le processus intime de la création! Je suis irrésistiblement attirée par le genre "journal", très différent de celui des "mémoires". Le premier est ancré dans le présent, pris sur le vif avec la fraîcheur, la spontanéité des impressions, des réflexions, dans le mouvement créatif même, tandis que le second constitue un regard en arrière, avec les souvenirs sélectionnés, "digérés" par la mémoire, embellis ou tus à l'occasion, selon les émotions qui s'y attachent...
La modernité toujours actuelle, l'essence même qui m'attire vers Redon se résume dans ces deux phrases tirées de son journal:


"Mes dessins inspirent et ne se définissent pas. Ils ne déterminent rien. Ils nous placent, ainsi que la musique, dans le monde ambigu de l'indéterminé."
"Tout se crée par la soumission docile à la venue de l'inconscient."

4 commentaires:

  1. oui, la force de ses couleurs, après celle de ses n&b… en fait la technique du pastel a aussi une force et une présence particulières, ne serait-ce qu'à penser à ceux de Degas (un de tes préférés aussi)… oh mais Degas, j'aime tout de Degas il me semble (sculptures, peintures, dessins, gravures…) mais peut-être pas tout chez Redon… nulle n'est parfaite! ;)

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  2. Je passe Degas avant Redon, bien sûr, moi aussi! Mais même chez lui, je préfère ses pastels, si fragiles! Il y a dans leurs pastels, quelque chose de suspendu, de pas fini, une brèche dans laquelle le spectateur peut s'engouffrer... Mais cela vaudrait un plus long échange.

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  3. de Redon j'avais beaucoup aimé ses grands panneaux à l'huile lors de l'exposition de Paris, presque abstraits, c'était étonnant, lumineux!
    ouiii, ce serait un échange bien agréable!
    oh excuse-moi de ne pas répondre à tous tes coms, c'est plus "intime" que sur FB (Obama qui nous lit, lol…) mais j'avoue hésiter devant la longueur de procédure des coms de Blogspot :(

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    1. J'essaierai encore de "mâter" blogspot, émanation de Google, bien sûr… Je suis bien consciente que "Big Brother" nous a dans son oeil de cyclope mais je n'ai pas grand-chose à cacher…

      Pour revenir à Redon, j'ai acheté un DVD à l'expo, magnifique! Notamment les détails de ces fameux panneaux, dans l'abbaye que ces amis avaient achetée et qu'il a décorée...

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