mardi 28 mai 2013

Bribes de mémoire * 2. Saisons...


21 juillet 2008
   
moi, vers 18 mois
L'enfance... on dit que c'est le réservoir magique dans lequel on puisera toute sa vie. Pour moi, ce sont des images fugitives, des sensations fortes qui m'ont 
imprégnée à jamais, conditionnant sans doute la façon de recevoir les sensations futures. C'est lieu commun d'affirmer que l'enfance devrait être un émerveillement au monde, perpétuel : de grands écrivains en font la source inépuisable de leur inspiration.  Alors, je me sens humble à tenter de ramasser les miettes de ma mémoire pour retrouver le chemin qui a mené à celle que je suis devenue. Car je suis certaine que chaque instant de notre vie représente un trait minuscule qui complète, qui modifie l'oeuvre, qui s'y ajoute, pour composer le dessin final. Comme le disait mon professeur de dessin quand j'avais dix ans : il ne faut effacer aucun de ces "traits chercheurs", le trait juste se trouve parmi eux et il faut garder la trace du cheminement.
   L'enfance, c'est l'été torride, le tremblement de l'air sous le disque flamboyant du soleil. C'est la sensation de la poussière chaude de la rue sous les pieds nus. C'est le spectacle dantesque des orages d'été, des éclairs transperçant la noirceur des nuages et le tonnerre qui suit de près : preuve que la foudre n'est pas tombée loin. Des pluies diluviennes qui lavent tout et rafraîchissent comme un seau d'eau et qui ne s'attardent pas. Coup de colère violente et n'en parlons plus.
   C'est aussi l'hiver blanc et glacial, sous un ciel de plomb : à chaque instant, la neige, interminable, peut se mettre à tomber, en flocons duveteux qui fondent sur les cils et sur la langue. L'impression  que le jour ne se lève qu'à moitié, juste pour expédier le nécessaire et impatient de se calfeutrer à nouveau.
   Entre les deux? L'irruption violente et subite du printemps, dès la fonte des neiges : l'explosion des parfums et de la douceur dans l'air, d'un jour à l'autre, pas de demi mesure! Les pruniers, les cerisiers qui bordent les rues  se couvrent de fleurs, les sillons noirs des champs dégèlent et exhalent l'arôme de la germination. Le soleil réchauffe la face engourdie du monde.
   Quant à l'automne, c'est la transition plus lente où la chaleur s'épuise et se calme en douceur, la poussière brûlante tiédit et le soleil devient de plus en plus opaque : il chauffe en caressant. En hongrois, le dernier éclat de l'été indien s'appelle "l'été des vieilles" : une dernière clémence avant de s'éteindre. 

4 commentaires:

  1. oh, je n'avais pu vu cet article là! tu es tellement craquante!!!

    RépondreSupprimer
  2. Il paraît que j'étais une enfant charmante (d'après ma mère), très souriante et bavarde (la parole précédant de loin la marche)!

    RépondreSupprimer
  3. magnifique! ta photos ferait un bel avatar pour FB, non? ;) petite "batgirl"…! ou oreilles de chat?
    oui, j'avoue que poster les com est un peu compliqué, difficile, tant d'étapes… et je "dois prouver que je ne suis pas un robot" lol!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, c'est assez embêtant sur blogspot!
      Mon "avatar" est déjà une photo de moi à 3 ans… Ca prouve que je me préfère "avant"… Cette photo est un peu floue mais le bonnet est mémorable!

      Supprimer