Publié le 7 Octobre 2008

Elle n'a pas dix-neuf ans lorsqu'elle débarque, au bras de son mari tout neuf, dans la maison de ses beaux-parents où il faudra bien qu'elle s'impose. Elle qui ne s'est jamais éloignée de son village au-delà de la ville voisine, fait d'un coup un bond de quatre cents kilomètres pour ne revoir la famille, les amis, le clocher de son église qu'une fois par an. Elle ne comprend pas bien le patois local et les gens moquent son accent, exotique pour les autochtones.
Devenue veuve à soixante-sept ans, à terre une seconde fois huit ans après, à la mort de mon frère, je lui propose de noter l'histoire de sa vie pour l'aider à surmonter sa détresse. Ses premières "bribes de mémoire" à elle avoisinent, dans un gros cahier, les recettes de cuisine, les registres des dépenses mensuelles. Lorsqu'elle me les fait lire pour la première fois, je surprends le soin instinctif de la bonne élève d'autrefois, dans la vivacité et la souplesse de son écriture.
Je lui fait part de ma surprise : "Comment se fait-il que ta mère est si absente de ces pages?" Elle dit avec stupeur : "Tiens, c'est vrai. Je ne m'en suis pas rendu compte. Maintenant que tu le dis, je n'ai aucun souvenir de tendresse venant de ma mère"...
Une rivalité mère enfant… autrefois en plus il n'était pas de mise d'être très tendre avec les enfants…
RépondreSupprimerChère Françoise, heureusement que tu t'arrêtes pour poser un com' dans la boîte!...
SupprimerOui, ma mère m'a étonnée: comment elle est devenue une mère aimante, tendre et enjouée avec nous, sans avoir le modèle maternel?... Moi, j'ai eu la tâche facile!