5 octobre 2010
Depuis un bon bout de temps, j'ai conscience de la difficulté récurrente de me présenter: décliner mon nom et prénom me demande un réel effort sur moi-même. Comme à l'accoutumée, j'essaie d'y voir plus clair et de comprendre d'où vient le malaise et depuis quand il me paralyse. Je remonte au moins à l'adolescence, sans pouvoir mettre un événement concret sur la liste des causes.
Je casse les pieds à mes amis avec ces prises de tête : une m'a même parlé de masturbation intellectuelle que je devrais laisser choir. Mais j'adore ça! ai-je répondu, en apparence guillerette. D'autres tentent une explication en cherchant l'origine dans mes identités multiples dans lesquelles j'aurais du mal à faire le tri. Je ne le pense pas : ça ne me déplaît pas de jouer à cache-cache avec moi-même et parfois, de m'échapper à moi-même dans ce grand remue-ménage rationnel. Et puis, ça a commencé bien avant de démultiplier mon identité d'origine! J'ai pu remonter à l'âge de 13-14 ans, au moins...
La mère donne la vie, le père donne le nom - et l'existence sociale, en somme. Mon père n'y est pour rien, j'ai eu une enfance heureuse, sans conflit notable avec les parents. Je n'ai pas connu de grandes révoltes d'une identité en formation. Alors, une psychanalyse pourrait exhumer la cause plongée dans les limbes bienfaiteurs du subconscient. A quoi bon? Cela ne m'a pas empêché de vivre durant de longues années.
Certains disent que l'on peut être mal nommé, il suffirait donc de changer de prénom pour être à l'aise. Certes, ma mère a insidieusement instillé son aversion pour son prénom - le même que le mien, imposé par la coutume. Il y en a beaucoup qui me plaisent plus que le mien. Cependant, lorsque je les "essaie" sur moi comme un habit neuf, je n'y suis pas plus à l'aise. J'en conclus que c'est me nommer qui pose problème. Alors, l'impasse...
Je tente une dernière spéculation: celui qu'on ne peut nommer, n'existe pas. Et s'il n'existe pas, ne peut pas mourir non plus...