mardi 13 août 2013

Bribes de mémoire 9. Des Noël d'autrefois...


27 août 2008

 
   Plus loin je m'enfonce dans cette séance de spiritisme sans autre accessoire que mon clavier et ce magma en fusion que j'essaie d'explorer au risque de me brûler au passage, plus je ressens ce dont parle Zsigmond Móricz à la fin de son roman autobiographique. Il parle du feu qui le maintenait en fusion durant les trois mois d'écriture sans répit. Loin de me mesurer à son talent vertigineux, j'ai le sentiment que cette aventure archéologique se nourrit de l'explorateur lui-même. Curieuse sensation que de s'abîmer dans les profondeurs de la mémoire et de remonter à la surface des vestiges d'émotions éprouvées aux commencements, de les récupérer aussi intactes que possible. Dans quel état se retrouvera l'archéologue à la fin de la campagne?...
   Noël des débuts du chemin... Je dois avoir 4-5 ans, pas plus. Le sapin est décoré en grand secret par un jeune couple, mes parents. Ils attendent le moment que nous soyons endormis avec mon frère pour s'y atteler, dans la seule pièce chauffée de la maison où se trouvent nos lits d'enfant et le grand lit double des grands-parents. Les jeunes mariés n'ont qu'à se serrer l'un contre l'autre sous l'édredon monumental de la pièce voisine et à gratter le givre à l'intérieur de leur fenêtre pour entrevoir le jour se lever  avec eux...
   Ce jour-là, tout d'un coup, je me réveille en sursaut, par la lumière électrique peut-être, et, dans un demi-sommeil, j'aperçois mes parents en train d'accrocher sur un sapin des décorations confectionnées par eux-mêmes : des noix dorées et argentées, des images découpées, des guirlandes artisanales. Pour nous, les enfants, c'est un ange qui doit apporter le sapin le soir du 24 décembre. Je saurai bien plus tard, à la mort de Saint-Nicolas et du monde merveilleusement crédule de ma petite enfance que c'était une voisine, en longue chemise de nuit en satin rose qui se déguisait en ange et que nous regardions avancer, souffle coupé, avec notre petit sapin à la main... Et le soir où je surprends mes parents dans les préparatifs, je referme les yeux aussitôt pour préserver leur secret et pour prolonger l'enchantement pour moi-même...

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