La guerre froide dure plus d'un an. Le gendre, pétri de remords et de honte, présente et réitère ses excuses les plus plates. Ma tante reste de marbre. Un marbre cependant fissuré : pendant quelques mois, les ondes du choc perdurent, avec des tremblements et des pleurs incessants. La vie est irrespirable sous le toit familial. Ma tante est comme ratatinée sous le choc de son univers ébranlé : une telle ingratitude est-elle possible ? Soudainement, elle s'affaisse, son visage lisse se ride comme un fruit séché. Sa fille travaille encore et, prise entre deux feux, elle part le matin la boule au ventre. Le gendre ne se porte pas mieux : essuyant un refus glacial à sa demande de pardon, devenu transparent aux yeux de ma tante, il dépérit de ce tête-à-tête muet, verrouillé de mépris et finit par mourir d'un arrêt cardiaque. Le destin semble se déchaîner sur la maison qui perd son aspect de ruche joyeuse qu'elle gardait depuis des décennies.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire